Son histoire, ses graphismes, son gameplay, tout sonne très années 90 et pourtant, il vient de sortir sur Steam. Un projet de fans de longue haleine qui pique la curiosité de l’ancêtre qui sommeille en vous, oui, vous savez, celui qui aimait bien les mignons dessins en 2D des RPG sur Super Nintendo et qui appréciait le système du tour par tour vous laissant le temps de réfléchir à vos actions. Grandpère, grandmère du jeu vidéo, par ici la visite d’Ara Fell !
Mais je connais cette histoire !… Ou pas ?
On ne va pas se mentir, Ara Fell présente un scénario classique :
- La déesse, la fin du monde, la prophétie…
- La classique visite de la grotte ancienne/palais ancien/lieu sacré oublié où on tombe dans un trou et pouf ! On arrive dans une salle secrète où on trouve un très vieil objet qu’on ne peut s’empêcher de ramasser, geste anodin qui vous lance dans une aventure épique… Et ce roi malade parce que son conseiller maléfique l’empoisonne pour prendre le pouvoir…
- Et ce méchant qui apparaît toujours au moment où tu t’y attends, c’est à dire après que tu te sois taper tous les pièges et les monstres du donjon, et que lui se contente de se téléporter devant toi…
- Et ce personnage mystérieux qui est dans toutes les grottes, tous les endroits les plus reculés et inaccessibles de l’univers juste pour que tu puisses lui acheter des potions…
- Et les terres sacrées, la forêt maudite, les grottes volcaniques, les terrains enneigés…
Oui mais ! Outre que ça fait toujours sourire de tomber sur ces incontournables de la fantaisie, ça pullule de rebondissements parfois un peu gros, parfois inattendus, l’action s’enchaîne sans temps mort. L’histoire est riche et assez longue. Les personnages principaux sont intéressants :
- Lita (l’héroïne) pleure quand il faut, gueule quand il faut, fait des blagues de temps en temps, et pour une fois, le héros a deux parents, et même un frère !
- Seri Kesu, puissante mage qui a bien les pieds sur terre, se bat malgré son pessimisme quand à toute cette histoire.
- Doren est mystérieux à souhait.
- Il n’y a qu’Adrian qui fait un peu fade, gentil humain amoureux de l’héroïne.
Ce n’est pas des plus originales mais sympa (notamment une bonne dose d’autodérision avec le fameux marchand ambulant toujours là où il faut, quand il faut).
Et le gameplay ? Et l’environnement ?
Ben là encore, classique.
Le jeu est fait avec RPG Maker, on se retrouve donc avec un graphisme coloré un peu moins lisse que celui d’un Secret of Mana, des animations du même style pour les magies, les monstresboss
sont bien dessinés, les monstres de base sont pixelisés, comme les personnages, le tout dans un style mignon. Les décors sont plutôt jolis, avec des lapins et des oiseaux qui se baladent, des chutes d’eau (et la possibilité de nager parmi les poissons), des fleurs, ça fait très vivants. Oh et les monstres sont visibles à l’écran, vous pouvez les esquiver si vous voulez, les combats ne se déclenchent pas de façon aléatoire.
Côté gameplay, on a quatre personnages, un combattant, un défenseur, un mage blanc et un mage noir si on devait les classer, mais les frontières ne sont pas si nettes. Par exemple, bien équipé, Doren qui est censé être un barde guérisseur peut taper aussi fort que Lita, archère rapide qui n’est pas plus rapide que Adrian, le chevalier en armure, qui tape aussi fort qu’elle. En fait, seule Seri Kesu est vraiment dans sa catégorie, elle ne peut qu’attaquer avec la magie si vous voulez faire un minimum de dégâts et elle est plutôt lente. A chaque passage de niveau, vous pouvez mettre des points en agilité, attaque, défense, magie ou points d’action. On peut aussi augmenter ses stats avec l’équipement.
L’équipement d’ailleurs est assez limité (même nom avec juste la mention +1, +2, +3, +4) et surtout, SURTOUT, il coûte excessivement cher ! Il est difficile d’avoir de l’argent dans Ara Fell, les monstres en lâchent très peu, on en a à travers les quêtes, mais franchement, je ne me suis jamais sentie aussi pauvre de toute ma vie. Il devient rapidement évident qu’il va falloir faire un choix dans l’équipement que vous allez acheter. Pire, vous allez vous retrouver face à ce dilemme : quoi ! 10 000 pièces pour un bandeau, juste pour gagner 10 points en intelligence ! C’est du vol !!! Et là, votre côté radin se bat avec votre envie profonde de rôliste d’avoir le meilleur équipement possible. Au final, la dure réalité du trou perpétuel dans votre bourse vous oblige à choisir quel personnage vous allez favoriser. Et encore, c’est le vécu de quelqu’un qui s’arrange pour n’avoir jamais à acheter de potion, si j’avais du jongler avec ce budget en plus… Heureusement, on trouve parfois des armes/armures et il est aussi possible d’en fabriquer via un système de crafting très très limité mais qui a le mérite d’exister.
Pour le combat en lui-même, c’est donc du tour par tour modifié par une barre de temps, pour prendre en compte la rapidité de vos personnages. Mais à la manière d’un FF7, quand votre barre est pleine et que c’est votre tour, vous pouvez passer 3⁄4 d’heure à choisir votre attaque, les monstres en face attendront tranquillement que vous ayez pris votre décision. Niveau action, on a l’attaque classique, la défense, l’utilisation d’objet ou bien l’utilisation de vos pouvoirs. Vous avez environ 5 pouvoirs par personnages, des connus de base, d’autre que vous pouvez apprendre contre de l’argent, d’autres qui seront accessibles en progressant dans le scénario. On peut simplement améliorer ces pouvoirs de niveau I à niveau II (et peut être III ou plus mais je n’ai pas trouvé comment), contre de l’argent (que vous n’avez toujours pas, vu que vous vous ruinez dans l’équipement).
Pour résumer, le système de combat est classique et peu développé, le système de level up est classique et peu développé, vos personnages sont classiques et peu développés. Mais c’est toujours sympathique à jouer.
Au final…
Si vous avez compté le nombre de fois où j’ai placé ce mot dans le texte, vous savez qu’Ara Fell est….classique ! Sans surprise mais agréable, plutôt à réserver aux amateurs du genre parce qu’il est assez simpliste, ce qui risquerait de décevoir les joueurs habitués aux milliers de possibilités disponibles dans les RPG actuels, ça frustre un peu je le reconnais. Le jeu est aussi assez court, je l’ai fini en moins de 20h et encore, j’ai passé quelques heures à essayer désespérément de rassembler de l’argent (on ne se refait pas). En ligne droite sans faire les quêtes annexes (pas plus d’une dizaine), vous pouvez sûrement le finir en moins de 10 heures. Cela dit, il peut s’avérer difficile par moment, si vous n’appliquez pas la bonne tactique contre tel boss, si vous laissez passer un tour de trop, vous mourrez. Heureusement, les gentils concepteurs ont pensé à vous et vous suggère très fortement de sauvegarder avant chaque grande bataille. Grandpère, grandmère, goûtez un peu à cette nostalgie, revivez pour quelques heures les batailles épiques de votre enfance. Ça fait toujours plaisir.